Des chercheurs de l’Université d’Ehime ont réussi à conférer à la lignine — polymère aromatique majeur du bois — des propriétés photoluminescentes inédites grâce à une ingénierie génétique ciblée. En surexprimant l’enzyme Feruloyl-CoA 6’-hydroxylase dans des peupliers, ils ont intégré la molécule fluorescente scopolétine directement dans la matrice lignine, transformant ainsi un matériau traditionnellement opaque et peu exploité en un biopolymère optiquement actif. Cette intégration moléculaire homogène a permis d’obtenir une émission visible stable, modulable par le pH et réversible sous irradiation UV, ouvrant la voie à des fonctions photo-réactives inédites dans les matériaux lignocellulosiques. L’approche associe biologie moléculaire et photochimie pour concevoir des polymères biosourcés dotés de comportements luminescents contrôlables, sans ajout d’agents synthétiques externes. Les résultats démontrent la conservation de la fluorescence dans divers environnements polymériques, soulignant la compatibilité de cette lignine modifiée avec les matrices industrielles existantes. En dotant un constituant naturel abondant de propriétés optiques réglables, cette recherche inaugure un nouveau paradigme de valorisation de la biomasse, orienté vers la conception de matériaux intelligents et durables pour la détection environnementale, les dispositifs photo-actifs ou l’impression 3D fonctionnelle. Elle illustre la puissance de la bioconception pour transformer la chimie du bois en plateforme d’innovation en science des matériaux.
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