Une équipe chinoise a mis au point une nouvelle réaction multicomposante cuivre-catalysée permettant d’accéder à des polymères inédits à base de poly(diényle-N-sulfonylamidines), via des intermédiaires réactifs jusque-là inconnus : les vinyl-aza-[3]cumulènes. Ces espèces hautement électrophiles, formées in situ à partir d’esters, d’amines et d’azotures, induisent une polymérisation régiosélective et stéréocontrôlée donnant exclusivement des motifs diéniques de configuration E. L’approche permet la synthèse de polymères bien définis, thermiquement stables et hydrolysables, dont la dégradation en milieu basique libère des diénamides structurés. Grâce à leur squelette conjugué et à la présence de groupes sulfonylamidine zwitterioniques, ces macromolécules s’auto-assemblent spontanément en nanoparticules chargées négativement en milieu aqueux, capables d’encapsuler la doxorubicine par interactions électrostatiques et hydrophobes. Ces nanoparticules présentent un comportement de libération contrôlé par le pH, libérant plus de 80 % du médicament à pH acide (5–6), ce qui les rend adaptées à la délivrance ciblée en environnement tumoral. L’étude démontre ainsi que la conception rationnelle d’intermédiaires cumulènes azotés ouvre un accès inédit à des polymères fonctionnels stéréodéfinis et stimuli-réactifs, combinant stabilité, dégradabilité et auto-organisation. Cette avancée relie chimie des cumulènes, polymérisation multicomposante et nanomédecine, élargissant le champ des matériaux polymères intelligents pour la vectorisation thérapeutique.