Des chercheurs canadiens proposent une approche inédite de recyclage physique des plastiques fondée sur la nanofiltration membranaire. Publiée dans Communications Chemistry, l’étude démontre qu’il est possible d’éliminer efficacement les additifs et les fragments de polymères dégradés en exploitant un simple principe de séparation par taille moléculaire. Les polymères, dont les masses molaires dépassent 100 000 g/mol, sont des macromolécules bien plus volumineuses que les additifs (200–2000 g/mol). En dissolvant le plastique dans un solvant sélectif puis en le soumettant à une membrane céramique à pores nanométriques, les petites molécules migrent vers le perméat tandis que les chaînes polymères restent dans le rétentat. Appliqué au polystyrène contaminé par l’hexabromocyclododécane (HBCD), un retardateur de flamme interdit, le procédé atteint plus de 90 % d’élimination des contaminants tout en supprimant les chaînes courtes oxydées, améliorant ainsi la qualité du polymère recyclé. Ce système, pilotable par simple ajustement du volume de solvant ou de la pression transmembranaire, permet de contrôler précisément la pureté finale du produit. Compatible avec les polyoléfines, PVC, polyuréthanes et polystyrènes — soit près de 70 % du marché mondial des plastiques —, cette technologie comble l’écart entre recyclage mécanique et recyclage chimique. Sa scalabilité industrielle et sa capacité à générer des résines « quasi vierges » ouvrent la voie à un recyclage circulaire haute valeur ajoutée, limitant les pertes de matière et la dépendance aux ressources fossiles.