Une équipe de chercheurs européens propose une avancée majeure pour la valorisation chimique des polymères à base d’acrylonitrile, tels que le SAN et l’ABS, dont le recyclage restait jusqu’ici limité en raison du risque d’émission de gaz toxiques (HCN, NOx). Publiée dans Nature Communications, leur étude décrit un procédé catalytique innovant de “shuttle catalysis” au palladium permettant de transférer les unités cyanure (HCN) du polymère vers une molécule accepteur, sans libérer de gaz dangereux. Ce mécanisme transforme simultanément la chaîne polymère en un résidu carboné réutilisable et génère un composé nitrile exploitable comme brique chimique de synthèse. En ajustant les conditions, la méthode peut soit produire des nitriles avec des rendements quasi quantitatifs, soit déshydrocyanater complètement les polymères en utilisant l’éthylène comme capteur de HCN, aboutissant à la formation de propionitrile, précurseur industriel régénérable en acrylonitrile. Les analyses spectroscopiques (NMR, FTIR) confirment la disparition des groupements nitriles au profit de doubles liaisons C=C, ouvrant la voie à l’upcycling du polymère défini : ethenolyse, pyrolyse sélective ou oxydation en acides aromatiques valorisables. Fait marquant, le procédé s’applique aussi à des déchets commerciaux, notamment les briques LEGO®, démontrant sa robustesse et son potentiel industriel. Cette approche modulaire illustre un nouveau paradigme de chimie circulaire, où les plastiques nitrilés deviennent des sources sûres et réactives d’azote et de carbone, conciliant sécurité, rendement et durabilité.